Ce début d’année 2021 aura été l’occasion pour le ministère de la Santé d’accélérer les réformes visant à rendre plus efficient notre système de santé publique. Les masseurs kinésithérapeutes libéraux ou hospitaliers sont concernés à plus d’un titre par ces transformations.
La Loi RIST pour simplifier le système de santé
C’est une loi, qui aura fait couler beaucoup d’encre avant même son adoption définitive le 14 avril dernier par l’Assemblée nationale. La Loi visant à simplifier le système de santé, également dénommée loi RIST en référence à la députée Stéphanie RIST (LREM) qui porte cette proposition depuis le début, se concentre sur les décisions « non-financières » du Ségur de la Santé. Si de nombreux dispositifs concernent les établissements hospitaliers, d’autres en revanche se concentrent sur les professionnels de santé, dont les kinés libéraux. En revanche, la mesure phare de cette proposition de loi a été écarté, et la France ne créera donc pas de profession médicale intermédiaire.
Les longs débats, tant à l’Assemblée Nationale qu’au Sénat, ont également permis de mettre à jour certaines revendications portées par une grande majorité de professions de santé. Ainsi, la question de l’accès direct à tous ces soignants n’a pas été retenue, mais elle reste en cours de discussion, comme le rappelle Stéphanie RIST : « Nous devons travailler cet accès direct avec l’ensemble des acteurs de santé, je pense aux médecins généralistes qui coordonnent ce parcours de soins »
Des compétences élargies pour les masseurs kinésithérapeutes et d’autres professionnels
Pour la profession de masseur-kinésithérapeute, cet accès direct devra être discuté après la remise d’un rapport sur le sujet. L’article 1 de la loi laisse entrevoir une évolution importante pour la profession à plus ou moins brève échéance.
En revanche, la loi a officialisé l’élargissement des compétences d’un certain nombre de professions : les sages-femmes, les orthophonistes, les ergothérapeutes et les masseurs – kinésithérapeutes. Pour les kinés libéraux ou hospitaliers, c’est le droit de prescription qui est modifié par l’article 2 de la nouvelle loi. Jusqu’à aujourd’hui, les kinés pouvaient prescrire certains dispositifs médicaux, comme la ceinture de soutien lombaire par exemple, et disposaient également d’un droit de prescription d’antalgiques dans des situations bien définies. Aujourd’hui, les kinés disposent de ce droit de prescription de certains produits de santé : substituts nicotiniques et antalgiques.
Enfin, les kinés disposent désormais de la possibilité de renouveler les prescriptions médicales d’actes de masso-kinésithérapie datant de moins d’un an. Le législateur a cependant tenu à préciser que ce renouvellement des prescriptions ne devait en aucun cas exclure le médecin traitant du parcours de soins.
Parallèlement à cette loi, le ministère de la Santé a également dévoilé une autre évolution importante de notre système de santé publique : rendre la fonction publique hospitalière plus attrayante pour les professionnels concernés.
Rendre le métier de masseur kinésithérapeute plus attrayant
Au-delà de ces évolutions liées à l’activité professionnelle des kinés libéraux ou hospitaliers, le ministère de la Santé a réaffirmé son ambition de rendre la fonction hospitalière plus attrayante pour les soignants. Si la démographie des kinés libéraux peut poser des problèmes sur certains territoires, le manque d’attractivité se fait encore plus fortement ressentir dans les hôpitaux et le gouvernement est bien décidé à réagir sur le moyen et le long terme. Pour donner suite aux négociations menées au cours du Ségur de la Santé, tous les personnels soignants et administratifs de la fonction publique ont vu leur rémunération revalorisée de 183 € nets mensuels en fin d’année 2020.
Le 12 avril dernier, le Ministre de la Santé, Olivier Véran, a déclaré vouloir aller encore plus loin notamment pour les masseurs kinésithérapeutes, afin d’« améliorer l’attractivité et dynamiser les carrières » de ces soignants. Ainsi, après 5 années, le masseur kinésithérapeute hospitalier verra sa rémunération augmenter de 160 €. Cette nouvelle évolution, dont les détails sont en cours de négociation, devrait entrer en vigueur au 1er janvier 2022. Cette politique de revalorisation salariale se double d’une nouvelle stratégie pour favoriser les évolutions de carrière.
Entre la loi RIST et ces nouvelles règles applicables à la fonction hospitalière, comme jugez-vous les évolutions de la profession dans les mois et les années à venir ? Estimez-vous que l’accès direct sera officialisé à court terme pour les masseurs kinésithérapeutes ?
De combien les députés se sont augmentés en pleine pandémie …? Le compte n’y sera pas !