Les médecins généralistes ont fait connaître leur position quant à l’accord du comité de liaison des ordres de santé (CLIO). Les kinés libéraux et les autres professions de santé se déclarent « choqués et blessés » de ce revirement de situation.
C’est le sujet du moment, qui agite toutes les professions de santé. Le ministère de la Santé et de la Prévention se félicitait, il y a quelques semaines, des avancées que représentaient les propositions du CLIO Santé. Ce comité de liaison de 7 professions de santé avait fait connaître son ambition de favoriser une plus grande collaboration entre ces différentes professions. Il s’agissait notamment de renforcer et d’accélérer les transferts de compétences des médecins vers les kinés libéraux notamment. Cette annonce était saluée comme un grand pas, dans la mesure où elle effaçait les réticences profondes exprimées jusque-là par les médecins. Certes, le communiqué de presse du CLIO Santé soulignait qu’il restait bien des points à discuter, mais on pouvait penser que toutes les professions de santé concernées étaient prêtes à ces négociations.
Il n’aura pas fallu longtemps pour que cet optimisme ne s’efface devant la réalité de la situation. En effet, préparant l’ouverture des négociations sur la nouvelle convention médicale, la présidente de MG France, Dr Agnès Giannotti et le président des Généralistes – CSMF, Dr Luc Duquesnel répondaient aux questions des journalistes d’Egora le 3 novembre dernier, en allant totalement à contre-pied des engagements pris par l’ordre des médecins :
On ne dit pas du tout que les autres professionnels sont moins compétents, ce n’est pas la question, mais chacun a son domaine de compétences et son cadre de travail. (…) Si on imagine qu’un pharmacien, un kiné et une infirmière font un médecin traitant, on est à côté de la plaque ! »
Les kinés libéraux profondément heurtés par le retournement de situation !
Les propos peuvent être ressentis comme violents et agressifs tant par les kinés libéraux que par les autres professions paramédicales. Pour les deux présidents de syndicats représentatifs de la profession de médecins, les débats du comité de liaison ne pouvaient pas aboutir : « Quand vous mettez les présidents de six ordres de professions de santé et le président de l’Ordre des médecins, il ne pouvait être que piégé. » Pour le docteur Giannotti, ce dispositif de réunir les ordres de santé n’est pas une solution envisageable « Je pense qu’il ne fallait pas interroger les ordres car ce n’est pas leur champ de compétences. ». Si ce revirement de situation n’est pas une surprise pour de nombreux observateurs du domaine de la santé, il représente cependant la position d’une majorité de médecins généralistes de France. Toujours est-il, que les kinés libéraux se sont sentis trahis et même attaqués injustement par ces propos.
Le retour de la querelle entre les médecins et les kinés libéraux ?
La présidente de l’ordre des masseurs kinésithérapeutes, Mme Pascale Mathieu, s’est déclarée « extrêmement choquée » par ces propos. En jugeant ces propos comme blessants, Mme Mathieu a souhaité faire connaître sa vérité en expliquant la démarche qui a toujours été la sienne au sein du CLIO Santé :
Le président de l’Ordre des médecins s’est positionné en responsabilité pour trouver une solution aux patients. Il a été très courageux. Il n’a pas du tout été menacé par les autres, ni attaqué. Je veux que les choses soient très claires. Nous avons à chaque fois réaffirmé le rôle essentiel du médecin. Il est hors de question de nier ce rôle
C’est donc bien une nouvelle bataille de mots, qui s’est engagée entre les kinés libéraux et les autres professions de santé d’une part et les médecins généralistes d’autre part. L’optimisme du mois dernier n’aura donc pas duré longtemps, et il faudra pour tous les soignants reprendre la direction des tables de négociation, à moins qu’un seuil ait été franchi rendant impossible tout retour en arrière.
Comment jugez-vous la position des médecins généralistes ? Vous sentez-vous blessés et /ou choqués ? Estimez-vous qu’il sera possible de surmonter cette crise ?
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