Maman kiné : quelles règles pour le congé maternité ?

En choisissant de devenir masseur kinésithérapeute libéral, les femmes doivent aussi penser aux règles qui s’appliqueront lorsqu’elles devront prendre un congé maternité. La question devrait être définitivement clarifiée dans les mois à venir.

La profession de masseurs kinésithérapeutes libéraux, une profession féminisée !

La profession de masseurs kinésithérapeutes, qu’il s’agisse d’exercer en milieu hospitalier ou sous forme libérale, reste une profession féminisée. Ainsi, au 1^er janvier 2016, on comptait parmi les 86 459 professionnels recensés en France 50 % de femmes. La profession se féminise de plus en plus puisqu’on ne comptait, en 2011, que 48 % de kinés femmes. En la matière, la féminisation de la profession correspond à une réalité que l’on constate dans la quasi-totalité des autres professions libérales de santé. Il n’est donc pas anormal, que les masseurs kinésithérapeutes se préoccupent des conditions faites aux femmes dans les conditions d’accès et d’exercice de ce métier.

La problématique de la maternité concentre naturellement l’intérêt  et l’attention du plus grand nombre, d’autant plus que les masseurs kinésithérapeutes femmes n’acceptent pas d’être considérées différemment des femmes médecin notamment. Et cette différence de traitement est pourtant une réalité incontestable en France, encore plus depuis mars 2017. Avec d’autres professions libérales de santé, les masseurs kinésithérapeutes espèrent se faire entendre rapidement, afin d’obtenir les mêmes droits que les médecins. La question du congé maternité des masseurs kinésithérapeutes devrait donc revenir sur le devant de la scène dès cette année 2018.

Les femmes masseurs kinésithérapeutes, des droits amoindris par rapport aux médecins !

C’est au cours des négociations entre les syndicats de médecins libéraux et l’Assurance Maladie, en mars 2017, que les médecins se sont vus octroyés une aide forfaitaire mensuelle. Cette dernière est versée pendant la durée du congé de maternité (ou du congé d’adoption) pour compenser l’interruption de l’activité. Cette aide se cumule à l’allocation forfaitaire et aux indemnités journalières déjà perçues. Une femme médecin, exerçant en secteur 1 ou 2 et ayant signé l’option de modération des honoraires (Optam), percevra ainsi, aux termes de l’accord, 3100 euros alors que le montant sera limité à 2066 euros pour les autres médecins femmes. Il faut souligner, qu’une aide similaire a été décidée pour les médecins hommes en congé paternité (de 744 euros à 1116 euros).

Cet accord avait aussitôt suscité la colère des autres professions libérales de santé, à la tête desquelles on retrouvait les infirmières libérales (la profession est à 80 % féminine). Les masseurs kinésithérapeutes aussi demandaient à bénéficier de ces nouvelles règles en matière de congé maternité.

Le congé maternité des masseurs kinésithérapeutes en discussion en 2018 ?

Les sénateurs avaient pourtant entendu cette demande, portée notamment par l’Union Nationale des Professions de Santé (UNPS). Le président de cette dernière, Daniel Paguessorhaye, masseur kinésithérapeute, insistait alors sur la nécessité de réparer cette injustice : « Il faut absolument qu’il y ait une équité entre toutes les professions libérales ». En effet, à l’occasion des débats concernant le Projet de loi de financement de la Sécurité Sociale  (PLFSS) pour 2018, les sénateurs avaient voté l’extension de ces aides pour le congé maternité à toutes les professions libérales de santé. Mais cette extension a été rejetée et donc supprimée par les députés de l’Assemblée Nationale.

Les masseurs kinésithérapeutes, les infirmières libérales et toutes les autres professions libérales ont dénoncé cette ségrégation, en affirmant vouloir maintenir la pression sur le gouvernement. Les kinés peuvent désormais compter sur un allié de poids. En effet, la secrétaire d’Etat en charge de l’égalité Homme Femme, Mme Marlène SCHIAPPA, a déjà annoncé sa réforme du congé maternité unique pour toutes, quel que soit le statut des femmes. On devrait donc voir ce débat ressurgir devant les parlementaires à l’occasion du PFLSS pour l’année 2019. Dans quelques mois donc, les masseurs kinésithérapeutes femmes devraient enfin connaitre les conditions et les règles, qui leur seront appliquées en matière de congé maternité. Ils pourront alors vérifier l’égalité de traitement avec les femmes médecins.

Pensez-vous que le congé maternité des masseurs kinésithérapeutes sera aligné sur celui des médecins ? Ou estimez-vous que la réforme sera encore repoussée en 2018 ?