Si la population française éprouve des difficultés à obtenir un rendez-vous médical, certaines catégories de la population sont encore plus exposées comme les personnes incarcérées.
L’accès aux soins, une obligation du code de déontologie en toutes circonstances ?
C’est le sujet majeur du moment concernant l’organisation du Système de santé en France : garantir l’accès aux soins à toutes et tous ou au minimum au plus grand nombre. Les kinés libéraux comme les infirmières hospitalières, les médecins généralistes comme les chirurgiens-dentistes, et plus généralement tous les soignants s’efforcent de garantir cette liberté et cette égalité d’accès aux soins. Naturellement, en cette période durant laquelle la désertification médicale cristallise tous les débats autour de la santé publique en France, la problématique devient encore plus pressante et exigeante.
Il ne s’agit pas d’une question ne concernant que les seuls kinés libéraux ni même la seule profession de masseur kinésithérapeute, mais bien d’un défi, auquel tous les soignants sont confrontés sous une forme ou sous une autre. Au-delà de ces déserts médicaux, d’autres problématiques se posent lorsque l’on évoque cette égalité d’accès aux soins. La question géographique ne constitue pas le seul critère à prendre en compte bien au contraire. Il faut pouvoir satisfaire à toutes les demandes de soins indépendamment de l’origine et de la situation sociale du patient ou de la patiente. Et certaines situations apparaissent bien plus complexes que d’autres s’agissant de la santé en général et de la Masso kinésithérapie en particulier.
Les masseurs kinésithérapeutes en prison, une situation à améliorer en urgence
Ainsi, la question de l’accès aux soins des personnes détenues en France (prison ou maison d’arrêt) pose questions. C’est en tout cas le message qu’a voulu faire passer l’Observatoire International des prisons, section française (OIPSF) en publiant, au début du mois de juillet, un rapport accablant : La Santé Incarcérée – Enquête sur l’accès aux soins spécialisés en prison. Alors que les personnes détenues en France connaissent des conditions de détention éprouvantes, l’association loi 1901 dénonce la difficulté pour ces dernières de pouvoir se faire soigner et plus particulièrement d’accéder à des soins spécialisés, notamment en Masso kinésithérapie. Pourtant, le principe d’égalité d’accès aux soins entre personnes détenues et l’ensemble de la population a été « sanctuarisé » depuis 1994, et pourtant le rapport dresse un constat sévère de la situation :
L’accès aux soins spécialisés en particulier (ophtalmo, kiné, dentiste, dermato, etc.) s’avère souvent compliqué, parfois même impossible.
Bien que le sujet ne soit que très peu documenté, l’Observatoire International des prisons insiste sur l’injustice et les conséquences néfastes d’une telle situation. Les pathologies et autres douleurs chroniques s’aggravent, conduisant naturellement à une forte augmentation de la demande de soins, demande le plus souvent insatisfaite. Pour prendre conscience du phénomène, le rapport détaille ainsi que plus d’une réclamation sur 5 reçue par l’association a un rapport avec la santé des détenus. S’appuyant sur les témoignages recueillis dans différents établissements pénitentiaires (« Je reste 24h/24 dans ma cellule, diminué par des douleurs dorsales sans avoir accès au kiné » ; …). Les explications de la situation sont connues et multiples : « les conditions d’extraction particulièrement dissuasives », le manque de personnel pénitentiaire, les délais d’attente pour obtenir un rendez-vous, … Plusieurs mois d’attente pour obtenir un rendez-vous chez un kiné conduise à un grand nombre de renoncement aux soins notamment. C’est d’autant plus problématique que le rapport insiste sur l’importance de l’intervention des kinésithérapeutes et des orthopédistes pour le traitement de pathologies propres à l’incarcération (manque d’activité physique, enfermement, ….). Le manque de kinés hospitaliers conduit certains établissements à rechercher désespérément des kinés libéraux, alors que l’administration pénitentiaire peine à attirer les jeunes diplômés avec des conditions salariales jugées largement insuffisantes. C’est ce qu’explique Sophie Lanis, médecin coordonnatrice de l’unité sanitaire d’Aix-Luynes :
« La rémunération est un frein énorme. Les kinés qui sont intéressés sont les libéraux, ceux qui veulent varier un peu. Sauf que par rapport à une rémunération libérale, la grille salariale de l’hôpital est une catastrophe. Et jamais on n’a vu un kiné de l’hôpital avoir envie de venir bosser à la prison. »
A la suite de rapport, l’OIPSF émet une série de recommandations pour améliorer la situation.
Et vous, êtes-vous déjà intervenu en prison ou en maison d’arrêt ? Est-ce une expérience, à laquelle vous souhaiteriez vous initier ?
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