Les kinés, bientôt des praticiens de santé, partenaires du corps médical ?

Depuis le 03 août, une nouvelle fédération entend porter la parole des kinés et de tous les professionnels de santé. La FFPS souhaite même transformer les masseurs kinésithérapeutes en de véritables praticiens de santé, faisant ainsi oublier le terme impropre d’auxiliaires médicaux.

Une nouvelle voix pour porter les ambitions des masseurs kinésithérapeutes

L’annonce a pu échapper à certains kinés, puisqu’elle a été officialisée au cœur de l’été, à un moment où les congés estivaux concentrent une bonne partie de l’attention. Les kinés libéraux comme tous les professionnels de santé exerçant en libéral ou en mixte ont, depuis le 03 aout dernier, une intersyndicale. C’est à cette date qu’a été créée la Fédération française des praticiens de Santé (FPPS). Et cette nouvelle intersyndicale entend bien changer la donne, en affichant une approche différente et en affirmant vouloir porter les attentes réelles des kinés et de tous les professionnels de santé.

8 syndicats se sont unis pour créer cette nouvelle fédération, et au passage afficher leur désaccord avec le Centre National des Professions de Santé (CNPS). La Fédération Nationale des Infirmiers (FNI), Convergence Infirmière, l’Organisation nationale des syndicats d’infirmiers libéraux (ONSIL), la fédération des masseurs-kinésithérapeutes rééducateurs (FFMKR), l’Union nationale des syndicats de masseurs-kinésithérapeutes libéraux (UNSMKL), la Fédération nationale des orthophonistes (FNO), le Syndicat national autonome des orthoptistes (SNAO), la fédération nationale des podologues (FNP) se sont donc alliés en affichant un optimisme prometteur :

« C’est une organisation avec laquelle il faudra compter en ce début de quinquennat. Elle représente la première force de professionnels de santé en exercice libéral ou mixte sur le territoire français avec 22 000 professionnels »

La volonté de porter la profession de masseur kinésithérapeute comme un véritable partenaire médical

La nouvelle fédération entend en effet faire modifier le livre 3 du Code de la Santé Publique. Il s’agit, dans l’esprit des fondateurs, de remplacer les termes d’auxiliaires médicaux par praticiens de santé. Les kinés ne seraient donc plus considérés comme des subalternes, des auxiliaires mais bien comme des partenaires à part entière. La FPPS ne masque pas sa volonté, qui est présentée avec une portée symbolique et opérationnelle : « Il est temps de remplacer cette vision subalterne par une vision de partenaire du corps médical« .

Pour répondre aux craintes de certains, la fédération créée il y a quelques semaines seulement a expliqué sa démarche, en soulignant sa volonté de rassembler. La FFPS « veut démontrer qu’elle peut valoriser le rôle médical et améliorer la qualité et l’efficience du système de santé par une meilleure coopération et une meilleure coordination entre tous les acteurs, autour du patient« .

C’est donc bien en concertation avec le corps médical et tous les autres partenaires, que la FPPS veut avancer et faire évoluer les dispositions légales. Le changement de libellé, même s’il peut apparaître comme anecdotique, résume parfaitement l’ambition de cette nouvelle fédération, dont la présidence devrait être assurée par Philippe Tisserand, président actuel de la FNI.

La Fédération Française des Praticiens de Santé pour une évolution de la place du MKDE

Souhaitant souligner et renforcer la complémentarité de toutes les professions de santé, parmi lesquelles les masseurs kinésithérapeutes, la FPPS détaille, dans son communiqué, les 6 grands dossiers sur lesquels elle entend peser dans les mois à venir :

• Promouvoir les compétences spécifiques de ces professions au sein du système de santé afin d’accompagner le virage ambulatoire notamment dans un contexte de désertification médicale,
• Favoriser la coopération avec les professions médicales en abandonnant la notion clivante et désuète de transferts de tâches au profit d’une recherche de zones de compétences partagées,
• Promouvoir la participation des praticiens de santé à la permanence des soins en complément des médecins en autorisant l’accès direct,
• Proposer des solutions concrètes, rapidement opérationnelles, favorisant le continuum de soins ville-hôpital/hôpital-ville en renforçant la coordination,
• Favoriser la possibilité pour ces professions d’intervenir à distance auprès des patients (participation aux actes de télémédecine, télé expertise ou de téléconsultation), au regard de l’émergence des nouvelles technologies,
• Mobiliser toutes les compétences et les qualifications des praticiens de santé pour favoriser l’éducation à la santé et renforcer la prévention pour ainsi contribuer à «la révolution de la prévention» voulue par le nouveau président Emmanuel Macron.

Il reste donc désormais à savoir, si la FFPS pourra concrétiser ces ambitions dans un avenir plus ou moins proche. Ces dernières répondent aux attentes exprimées par de nombreux kinés mais aussi par bien d’autres professionnels libéraux de santé.

Et vous, comment jugez-vous cette nouvelle initiative ? Estimez-vous, que la FFPS réussira à imposer ce changement d’approche au sein du corps médical ?