Même si la démographie des kinés libéraux tend à révéler une parité homme – femme, les métiers du soin en général restent majoritairement occupés par des femmes. Et cette féminisation de la santé ne constitue pas nécessairement un avantage selon un rapport de l’OMS.
Les masseurs-kinésithérapeutes et les soignants, avant tout une population féminine ?
Les acteurs de santé et les autorités publiques constatent que les femmes sont surreprésentées dans ce domaine. Cette prépondérance contribuerait à la crise des systèmes de santé et renforcerait les inégalités entre les sexes. C’est la conclusion d’une vaste étude conduite et publiée par l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) : « Fair share for health and care: gender and the undervaluation of health and care work ».
Bien évidemment, cette étude souligne les disparités pouvant exister d’un pays à l’autre mais aussi d’une profession à l’autre. En effet, 85% des métiers de la « sphère hospitalière » sont exercés par des femmes selon les chiffres de l’INSEE pour l’année 2021. Ces mêmes femmes ne représentent que 27% des métiers du numérique et 15% des métiers de la Tech. Cette réalité reste néanmoins à nuancer pour la profession de masseur-kinésithérapeutes. Ainsi, on comptabilise 97 790 kinésithérapeutes inscrits à l’ordre pour cette année 2024. 52% de ces kinés sont des …femmes, soulignant à quel point la profession est elle aussi largement féminisée.
La parité homme – femme, un atout pour les kinés et le système de santé ?
On pourrait, à priori, se réjouir de cette féminisation de la profession. D’autres le sont davantage encore à commencer par les sages-femmes et les infirmières. Pourtant, le rapport déjà cité de l’OMS souligne les dangers de cette féminisation de la santé:
« Le travail effectué principalement par les femmes a tendance à être moins bien rémunéré et à être effectué dans de mauvaises conditions ».
En d’autres termes, le rapport montre que la hausse des femmes kinés et infirmières ne doit pas masquer la « masculinisation » des postes à responsabilité dans le domaine de la santé.
Cela nuit non seulement à l’émancipation des femmes, qui souffrent aujourd’hui de ces conditions économiques dégradées. Mais cela affecte, en outre, l’efficience des systèmes de santé concerné, qui souffrent durement d’un manque chronique d’investissement depuis des décennies. Pour l’Organisation Mondiale de la Santé, il y a urgence à réagir pour tous. La France n’échappe pas à cet appel à l’action, qui pourrait devenir le socle d’un système de santé plus juste et plus inclusif.
La parité, un objectif à atteindre pour notre système de santé ?
Des préconisations ont été rédigées par le rapport pour parvenir à cet objectif, parmi lesquelles on peut citer :
- L’amélioration des conditions de travail pour toutes et tous, en tenant compte des besoins spécifiques des femmes,
- Garantir l’égalité de traitement entre les hommes et les femmes.
- S’assurer du respect des droits des soignantes, qui ne doivent plus souffrir de cette dualité entre vie perso et vie professionnelle.
- Investir massivement dans les politiques de santé, afin de faire reculer significativement la part du travail non rémunéré, exécuté en très grande majorité par des femmes.
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