Sur un plan purement légal, la réponse à cette question est sans conteste affirmative à condition de respecter les nombreuses règles déjà édictées. En revanche, au quotidien, ce cumul peut poser des problèmes quant à la compréhension des patients eux-mêmes. Une incompréhension et un trouble, mis en évidence récemment par Doctolib.
Les masseurs kinésithérapeutes, des professionnels de santé à l’activité encadrée
Bien qu’il décide de se lancer dans l’aventure du travail non salarié, le kiné libéral reste avant tout une profession encadrée. De sa facturation à la communication qu’il peut effectuer, en passant par les activités qui lui sont autorisées, le kiné libéral se doit donc de se plier aux règles édictées par le Code de la Santé publique d’une part et par le code déontologique de la profession d’autre part. Aussi, lorsqu’un masseur kinésithérapeute souhaite exerce une seconde activité, il doit avant tout se conformer aux règles précises et détaillées, posées par le code de déontologie :
« Un masseur-kinésithérapeute peut exercer une autre activité, sauf si un tel cumul est incompatible avec l’indépendance, la moralité et la dignité professionnelles ou est susceptible de lui permettre de tirer profit de ses prescriptions. »
Article R 4321-68
Comme tous les professionnels de santé, le masseur kinésithérapeute ne pourra donc pas exercer son activité « comme un commerce ». En revanche, un masseur kinésithérapeute pourra s’engager dans une formation pour devenir également ostéopathe. Le cumul de ces deux spécialités doit cependant être bien distingué par le kiné libéral pour ne pas induire les patients en erreur. En effet, comme la loi française ne reconnait pas les deux professions au même titre, elle impose au professionnel de distinguer les deux pratiques de manière stricte. C’est le cas pour toutes les « spécialités », auxquelles peut se former un masseur kinésithérapeute. L’ostéopathie n’est pas la seule spécialité concernée, et l’ordre des masseurs kinésithérapeutes veille à ce que les pratiques des kinés libéraux ne viennent pas compliquer la compréhension des patientes et des patients. Ainsi, l’ordre de la profession a ainsi confirmé une position (déjà ancienne) interdisant aux kinés libéraux de faire la promotion de la micro kinésithérapie, ne serait-ce qu’en y faisant mention sur sa plaque professionnelle. En 2018, l’ordre soulignait déjà : « La « micro-kinésithérapie » est une méthode non fondée sur les données acquises de la science ». Considérée comme des médecines douces ou des alternatives thérapeutique, certaines de ces pratiques sont sous le feu de l’actualité depuis plusieurs semaines.
Renforcer l’image de professionnel de santé pour les masseurs kinésithérapeutes
Au mois d’aout dernier, la première plateforme de prises de rendez-vous médicaux en ligne, Doctolib, était sous le feu des critiques. Des médecins et des patients reprochaient à la licorne française de référencer des professionnels du bien-être sur sa plateforme, estimant que cela pouvait conduire à la confusion dans l’esprit de certains patients. Les professionnels de santé estimaient ainsi que cette plateforme, à laquelle les autorités publiques, avaient fait appel pendant la crise du coronavirus, devait édicter des règles plus strictes et plus facilement compréhensibles par tous. En d’autres termes, il était demandé à Doctolib de ne référencer que des professionnels de santé, tels que définis par la loi (médecins, kinés libéraux, infirmières, …). La plateforme a déjà suspendu plusieurs profils de professionnels bien-être, considérés comme litigieux, et s’est engagé à durcir ses règles de contrôle et d’éthique. Une vaste consultation est en cours, avec l’engagement pris de publier de nouvelles règles avant le 15 octobre prochain. Hasard du calendrier, cette rentrée 2022 marque également le lancement d’une vaste campagne de communication « Mon kiné et moi », destinée à « promouvoir la profession et rappeler combien les kinésithérapeutes, acteurs majeurs de santé publique, préviennent et soignent jusqu’à la fin de vie. » Comme quoi, tous les acteurs concernés sont mobilisés pour faciliter la compréhension du système de santé, des acteurs du soins et des rôles de chacun !
Comprenez-vous la confusion que peuvent éprouver certains patients lorsqu’ils consultent un « kiné ostéopathe » par exemple ? Estimez-vous qu’il faille légiférer sur ce cumul ou que les limites actuelles sont suffisantes ?
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